par Philippe Pellicier
Cet article a été rédigé par Monique Magnouloux et Philippe Pellicier
Nous quittons le refuge d’Avérole vers 8 h 30 et allons vers le vallon de la Lombarde, le Pas de la Mule, jusqu’à la cabane des bergers- (Ce vallon mène au col de l’Autaret, et, encore beaucoup plus loin, au refuge Cibrario).
Peu après le refuge et avant le ruisseau de Veilet nous observons le Silène du Valais (Silène valesia) : plante pubescents-visqueuse, feuilles linéaires, pétales bifides rose rougeâtre, calice à 10 nervures en réseau vertes ou pourpres- pas loin du refuge, avant le pont- pas de protection- « importantes populations (plusieurs centaines de pieds) aux environs du refuge d’Avérole » (cf Atlas de la flore rare et protégée de Vanoise)- En Suisse dans le Valais, en Italie dans le nord-ouest, en France de la Savoie aux Alpes-Maritimes.
Nous traversons le ruisseau et continuons dans le vallon de la Lombarde. Jusqu’au au pas des Eublats nous pouvons citer :
– l’Alysson des montagnes (Alyssum montanum), pétales jaune d’or échancrés, poils étoilés
– la Vergerette glabre (Erigeron glabratus = polymorphus), plante glabre ou glabrescente, feuilles tout au plus ciliées au bord, pas de fleurs filiformes entre les fleurs tubuleuses et les ligules ;
– l’Orpin rose (Rhodiola rosea = Sedum roseum = S. rhodiola), ou la Rhodiole rosea Racine d’or- Fleurs ordinairement mâles ou femelles (pétales souvent avortés), souche à odeur de violette… ou de rose - Circumboréal, éboulis, surtout sur silice. Alpes, Pyrénées - En Savoie à Bessans, Bonneval, Bramans, Val d’Isère- Pas en Haute-Savoie- Plante utilisée par les Vikings pour raviver leurs forces- Utilisée aussi depuis longtemps en Russie, en Scandinavie et dans la médecine traditionnelle chinoise. Nombreuses vertus médicinales : plante tonique, antifatigue, anti-stress et même aphrodisiaque, elle améliorerait les performances intellectuelles en stimulant la mémoire… Viagra ! On vend des gélules, des huiles essentielles. Il va falloir réglementer la cueillette !
Jusqu’au pas de la mule dans des pelouses, des rocailles parmi la longue liste on peut citer :
– l’Anémone du Mont Baldo (Anemone baldensis) plante calcicole, le Mont Baldo se situe au Nord de l’Italie sur la rive Est du lac de Garde ;
– la Laîche capillaire (Carex capillaris), épis à long pédoncules très fins comme des cheveux ;
– la Laîche à petites fleurs (Carex parviflora = C. atrata subsp. nigra), Plante glauque à 3-4 épis tous sessiles, réunis en glomérules, écailles noires à bord jaunâtre ;
-la Laîche des rochers (Carex rupestris), plante cespiteuse à longs rhizomes, feuilles souvent arquées, enroulées, épi terminal 1 cm, fleurs mâles en haut, 3 stigmates ;
– la Camarine, (Empetrum nigrum subsp. hermaphroditum) autrefois dans la famille desEmpetracées, maintenant dans le Éricacées ;
– la Livêche fausse mutelline (Pachypleurum mutellinoides subsp. mutellinoides = Ligusticum mutellinoides), on l’appelait jadis Gaya simplex… Petite plante, une ombelle, un involucre
– le Ligustique à feuilles d’adonis ou Livèche mutelline (Mutellina adonidifolia / Ligusticum mutellina) plante souvent plus haute, 2 ombelles, pas d’involucre ;
– la Saxifrage tronquée (Saxifraga retusa), les étamines dépassent largement la corolle. Très rare dans les Alpes françaises et en Savoie : Aussois, Villarodin-Bourget, Bramans, Lanslebourg, Bessans. Nous l’avons aussi découvert en Haute Tarentaise. Pas de protection.
– le Jonc de Jacquin (Juncus jacquini), inflorescence à 5-12 fleurs, stigmates roses, spiralés- Nikolaus Joseph von Jacquin (1727-1817), né en Hollande, mort à Vienne en Autriche, le père de la botanique autrichienne d’après Fournier ;
– la Valériane celtique (Valeriana celtica), petite plante discrète, petites fleurs brun pourpre, pelouses acidiphiles 2000-2800 m, en France seulement en Savoie, Bessans, Bonneval, Lanslebourg et Val d’Isère. Aussi en Italie et en Suisse, protection nationale.
Du pas de la mule à la cabane des bergers parmi les plantes les plus remarquables :
– la Laîche bicolore Carex bicolor, petite plante discrète, épis bigarrés menthe-chocolat, espace relicte arctico-alpine, caractéristique de l’associaton végétale caractéristique des aluvions calcaires de la zone alpine Caricion incurvae (ou Caricion bicolori-atrofuscae), protection nationale ;
– la Laîche à feuilles de jonc (Carex maritima = incurva= juncifolia), espèce caractéristique du Caricion bicoloris-atrofuscae, protection régionale. En France, seulement en Savoie. Pousse au bord de la mer en Laponie, d’où son nom ;
– la Vergerette uniflore (Erigeron uniflorus), tige monocéphale, involucre velu-laineux, pas de fleurs filiformes entre les fleurs jaunes en tube et les ligules blanches, feuilles glabres dessus, poilues dessous, longuement ciliées ;
– Le Rhinanthe des glaciers (Rhinanthus glacialis = aristatus), son calice est glabre, ses fleurs ont une gorge ouverte et les bractées de l’inflorescence sont munies de longues dents ;
– la Viscaire alpine (Viscaria alpina =Silene suecica), Alpes internes, Pyrénées, pelouses orophiles acidiphiles à enneigement tardif- Arctico-alpin.
Le Pique-nique se fait à la cabane des bergers. Mais avant quelques courageux décident de partir à la recherche de la Saxifrage à tige dressée qui est une plante rare que peu d’entre nous ont déjà vue. Un lieu est connu ici de Claudie déjà venue il y a des années. Elle se souvient d’un gros rocher... Mais il y en a tellement. Heureusement que nous sommes des gens persévérants car nous finissons après une recherche assez longue et incertaine par trouver la plante en question.
– le Genépi blanc ou Génépi jaune, ou Genépi femelle (Artemisia umbelliformis = mutellina =laxa), capitules espacés. Sur terrains siliceux mais parfois sur calcaire. Pyrénées, Apennins, Alpes. En France de la Haute-Savoie aux Alpes-Maritimes. Cueillette réglementée dans la plupart des départements alpins, mais pas en Savoie ;
– le Genépi noir, ou Génépi mâle ou Génépi vrai (Artemisia genipi = spicata), épi penché, bord des bractées des capitules noirâtre. Calcaire ou silice. Alpes de la Slovénie à la France. En France, dans tous les départements alpins. La cueillette n’est pas réglementée en Savoie ;
– le Callianthème à feuilles de coriandre (Callianthemum coriandrifolium), pelouses alpines chionophiles, Alpes internes, Pyrénées. Du grec kallos, beauté, anthemos, fleur ;
– le Jonc arctique (Juncus arcticus), tiges vert foncé, fleurs groupées dans le quart supérieur, plante stolonifère. Espèce relicte arctico-alpine, caractéristique du Caricion incurvae (ou Caricion bicolori-atrofuscae). Une vintaine de stations en Vanoise, en Maurienne et surtout en Tarentaise- aussi à Granier, la Léchère, St julien-Montdenis, Valloire… Protection Rhône-Alpes ;
– La Lloydie (Gagea serotina = Llyodia), plante arctico-alpine, Alpes granitiques, feuilles filiformes, fleurs petites, solitaires, blanchâtre- Edw. Llyod (1670-1709), botaniste anglais d’Oxford qui a découvert cette plante ;
– la Saxifrage à tige dressée (Saxifraga adscendens), 14 pieds ; proche de S. tridactylites, plante annuelle, pionnière, couverte de poils glanduleux. Distribution arctico-alpine, Scandinavie, nord de la Russie, Alpes, Caucase, Anatolie…Vanoise : Bessans, Bonneval, Lanslebourg, Termignon, Val d’Isère, Vallarodin-Bourget. Pas de protection.
Hte-Savoie : très rare, pas revue au sommet du Mt Billat- Sixt-Passy, secteur col des Chambres, à l’écart des sentiers, 1990, (Denis Jordan)
– la Véronique fausse pâquerette (Veronica bellidioides), feuilles radicales en rosettes, 1-3 paires de feuilles caulinaire, fleurs bleu terne.
Le retour aux voitures se fait par le chemin qui passe à l’oratoire Saint-Antoine de l’Envers. Encore beaucoup d’autres observations pour finir la journée et ce séjour très intéressant !