Nous avons pu éviter la pluie enfin, pour pouvoir faire cette sortie. Nous sommes une dizaine sur le parking au départ de la route Charves et nous n’avons pas à marcher beaucoup pour trouver notre bonheur.
Le propre de ces sorties de lundi est de prendre le temps d’expliquer, de montrer, de donner des bases sur les caractères des familles. Quand on commence, il faut ranger tout ce qu’on apprend dans des tiroirs et des dossiers bien ordonnés pour pouvoir retrouver l’information si besoin... C’est une image, mais elle est pertinente.
Nous herborisons sur le bord de la piste forestière et commençons par regarder quelques rudérales de la famille des Brassicacées ou Crucifères, famille dont les plantes sont en général printanière ou de début d’été :
– Le Sisymbre officinale (Sisymbrium officinale) avec sa tige dressée et ses nombreux rameaux terminés par des inflorescences aux petites fleurs jaunes et aux fruits appliqués contre l’axe ; on l’appelle aussi l’herbe aux chantres pour ses propriétés sur la gorge et les cordes vocales ;
– La Bourse à pasteur (Capsella bursa-pastoris) qui n’a rien à voir avec Louis Pasteur, mais avec les pasteurs au sens de bergers, parce que les fruits ressemblent à un petit sac... l’attribution des noms est souvent assez étrange et relève de la subjectivité de celui qui l’a donné. Les fruits sont triangulaires un peu échancrés au sommet ; les rosettes de feuilles au printemps peuvent être consommées en salade ;
– Le Passerage de Virginie (Lepidium virginicum) avec sa tige dressée et très ramifiée, ses feuilles non découpées ; ses fruits sont presque orbiculaires, échancrés au sommes et le sommet de la tige dans l’inflorescence est couvert de poils très courts, courbés et aiguës, ce qui permet de le distinguer d’autres espèces proches ;
-La Corne-de-cerf à deux lobes (Lepidium didymum) possède des feuilles très découpées et présente la particularité d’avoir des inflorescences latérales et non pas à l’extrémité des rameaux comme chez la plupart des plantes de cette famille. Ses sont fruits sont formés de deux loges soudées, ce qui lui vaut sont nom : didyme veut dire jumeau. C’est une plante originaire d’Amérique du Sud, que l’on rencontre parfois dans les endroits piétinés. En Tarentaise nous ne l’avions jamais notée, c’est une découverte qui nous a retenu un moment.
Avec ces Brassicacées nous avons aussi observé l’Aphane des champs (Apahnes arvensis), une plante voisine des alchémilles et qui est rare en Tarentaise, bien qu’elle soit relativement commune en France dans les cultures et terrains retournés sur les sol acides. Une graminées des sols acides l’accompagne la Phléole fausse-phélole (Phleum phleoides), elle se différencie des autres phléoles par sa panicule interrompue quand on la plie. Nous notons d’autres plantes dans ce petit milieu : l’Absinthe (Artemisia absinthium) , l’Armoise commune (Artemisia vulgaris), la Lampsane intermédiaire (Lapsana communis subsp. intermedia), la Luzerne lupuline (Medicago lupulina), le Chénopode blanc -un épinard sauvage- (Chenopodium album), la Bugrane rampante (Ononis repens), le Gaillet gratteron (Galium aparine).
Un petit peu plus loin, nous nous trouvons dans la végétation du sous-bois clair herbacé de Pins sylvestres (Pinus sylvestris) à Bugrane à feuille ronde (Ononis rotundifolia). Ces deux plantes sont caractéristiques des pinèdes sèches de l’étage montagnard et donnent leur nom à l’association de « l’Onino-pinion ». C’est là que nous notons la plupart des autres plantes rencontrées. Des arbres et arbustes : Le Tilleul a feuilles en coeur (Tilia cordata), Le Nerprun purgatif (Rhamnus cathartica) , la Viorne lantanne (Viburnum lantana), le Troëne (Ligustrum vulgare), accompagnés des plantes suivantes : la Centaurée scabieuse (Centaurea scabiosa), le Dompte-venin (Vincetoxicum officinale), Le Sceau-de-Salomon odorant (Polygonatum odoratum), la Laitue vivace (Lactuca perennis), la Globulaire allongée (Globularia bisnagarica), la Sauge des prés (Salvia pratensis), l’Épiaire droite (Stachys recta), le Gillet luisant (Galium lucidum), le Persil de montagne (Oreoselinum nigrum), l’Euphorbe petie-cyprès (Euphrobai cyparissias)
La Mélampyre de bois (Melampyrum catalaunicum) se trouve un peu plus loin du chemin sous couvert et nous montre ses bractées violettes au sommet de la tige et ses fleurs jaune d’or. Il côtoie la Campanule à feuilles de pêcher (Campanula persicifolia), dont un pied est albinos car il nos montre ses grosses corolles blanches.
Nous n’avons pas parcouru beaucoup de chemin pour voir s’envoler le temps de notre herborisation, tant l’endroit est riche.