Notre randonnée doit nous amener au refuge de la Leisse où nous passerons la nuit et le retour se fera le lendemain.
La randonnée est normalement annoncée pour 3h30 mais aurons besoin de toute la journée pour pouvoir observer à loisir les plantes que nous allons rencontrer. Malgré la sécheresse et la saison très avancée, nous avons pu encore observer un certain nombre de plantes dont certaines à valeur patrimoniales, surtout dans les parties les plus élevées.
Au départ de Tignes Val Claret, sous les remontées mécaniques, nous observons Cirsium heterophyllum (L.) Hill., le Cirse fausse hélénie, espèce patrimoniale, protection régionale Rhône-Alpes - pas d’épines, feuilles indivises vertes dessus, blanches dessous, les inférieures longuement pétiolées, les supérieures sessiles, tige épaisse, nue au sommet, 1, parfois 2 ou 3 capitules ovoïdes - prairies humides, mégaphorbiaies - Alpes et Pyrénées – Savoie : Lanslevillard, Lanslebourg, Bessans, Bonneval – Séez, Tignes, Val d’Isère - Haute-Savoie, une seule obs. : Vallorcine, 2000, Ravanel
Nous engageons dans le chemin et près du ruisseau nous observons en abondance Juncus arcticus –- le Jonc arctique – Protection régionale Rhône-Alpes - Rhizome traçant, inflorescence située dans le tiers supérieur de la tige. Près du ruisseau dans des petites zones humides nous notons tout un cortège de plantes de zones humides.
Dans la montée il y a par endroits des colonies d’Achillées de l’espèce Achillea distans Waldst. & Kit. ex Willd. dont nous essayons de déterminer les sous-espèces. Certaines sont roses foncé et possèdent des feuilles moins profondément découpées (subsp. tanacetifolia (All.) Janch.) que celles à fleur blanches ou légèrement rosées (subsp. distans)
Au col de la Leisse nous avons observer une libellule posée sur un coussin de saxifrage. Il s’agit d’une femelle de l’Anax empereur (Anax imperator), dont le nom évoque la tenacité des mâles imposant à défendre leur territoire. Son corps peut mesurer jusqu’à 8,5 cm et son envergure atteint 11 cm. C’est donc un insecte assez opposant, d’autant plus que les couleurs verte de son thorax et bleue de son abdomen la rendent très visible. Cette libellule est commune en région Rhône-Alpes, mais fréquente normalement des milieux assez variés de plaine en général jusqu’à 1000 m d’altitude. Il s’agit ici d’un individu erratique à plus de 2650 m.
Pas loin de la libellule, la Saxifrage fausse-mousse (Saxifraga muscoides All.) encore fleurie au revers d’un creux de rocher, avec ses pétales échancrés blanc crème. Il est protégée au niveau national.
Les alchémilles que nous avons observées pendant les deux jours :
Alchemilla coriacea – Alchémille coriace - plante de grande taille, glabrescente (poils appliqués peu visibles), pas de poils, juste parfois quelques uns au bout des lobes (xantochlora a des poils), feuilles basales de 17 cm de diamètre, divisées jusqu’au tiers en 9-11 lobes sans incisions, dentées. Fréquente dans les pelouse plutôt hygrophiles, les bords de ruisseaux. Nous l’avons vue à plusieurs endroits.
Alchemilla filicaulis – Alchémille à tiges fines - souvent rouge, poils des pétioles à l’équerre, moins de10 poils à la base de l’hypanthium au moins dans les fleurs à la base des inflorescences, mais la plupart sont glabres. Pelouses et landes acidophiles. Observée dans la partie basse du parours.
Alchemilla pentaphyllea – Alchémille à 5 folioles - combes à neige, avec Cerastium cerastoides- trigynum – stolons – reproduction presque exclusivement sexuée, donc plus stable, facile à reconnaître, mais il y a des hybrides ! PM 415
Alchemilla glacialis Alchémille des glaciers – dans le groupe « alpina » à feuilles palmatiséquées. Feuilles généralement à 7 lobes, à pilosité non argentée à la face inférieure, lobe complètement libres, au moins celui du milieu, à grosses dents à leur extrémité. Dans la pelouse rocailleuse avant l’arrivée sur le plateau.
Alchemilla incisa – Alchémille incisée - plante entièrement glabre, feuilles lobées à incisions profondes, à grosses dents. Pelouses hygrophiles et mégaphorbiaies. Nous l’avons observé au pied d’un rocher dans la pelouse, dans la montée du col de la Leisse.
Alchemilla fissa – Alchémille fendue - plante entièrement glabre, feuilles profondément mais souvent irrégulièrement lobées, souvent au delà de la moitié du rayon, à incisions profondes, à grosses dents. Teintée de rouge. Fréquente les pelouses et rocailles longuement enneigées. Très abondante dans le secteur du col de la Leisse.
Alchemilla trunciloba – Alchémille à lobes tronqués - Plante normalement glabre sauf l’extrémité des dents et parfois sur les pétioles. Feuilles lobées et incisées. Observé au Plan des Nettes.
Alchemilla glaucescens – Alchémille bleuâtre - assez facile …Glauque, velue, poils sur pétiole, 7-9 lobes tronqués et peu profonds - pelouses acides
Aux alentours du col de la Leisse nous observons le plus de plantes encore fleuries et parmi elles :
– l’Andorsace alpine (Androsace alpina) normalement rose elle était blanche avec à peine une teinte rosée dans certaines fleurs, protection nationale, l’Armoise en ombelle ou Génépi en ombelle (Artemisia umbelliformis), la Campanule naine (Campanula cochlaerifolia), La Sabline à tiges nombreuses (Arenaria multicaulis), la Campanule du Mont-Cenis (Campanula cenisia), le Céraiste à feuilles larges (Cerastium latifolium), le Céraiste pédonculé (Cerastium pedunculatum), l’Épilobe à feuilles de mouron (Epilobium anagallidifolium), le Trisète en épi (Trisetum spicatum subsp. ovalipaniculatum), le Séneçon blanchâtre (Jacobaea incana).
Sur le chemin au Plan des nettes nous avons observé un moment une chenille qui n’arrêtait pas de se tortiller dans tous les sens. La détermination faite après coup donne Cucullie des campanules (Cucullia campanulae)
Quelques observations intéressantes du lendemain :
Au plan des Nettes nous passons sur le plateau au lieu d’emprunter le sentier.
Dans les alluvions La Laîche de Lachenal (Carex Lachenalii), présent seulement en Savoie pour la France, protection nationale. La Gentiane subacaule (Gentiana bavarica var. subacaulis Schleich. ex Gaudin) connue seulement de Haute-Tarentaise, c’est une Gentiane de Bavière qui se caractérise par ses feuilles cachant la tige, celle de la base nombreuses et rapprochées.
Au lac des Nettes nous longeons la rive du lac et découvrons une station de Laîche bicolore (Carex bicolor), très facile à reconnaître à ses épis bigarrés glauques et noirs, protégé au niveau national.