2 août 2014 : de l’Oullietaz au Carro
Article mis en ligne le 27 avril 2015

par Philippe Pellicier

Séjour botanique en Haute Maurienne : premier jour

C’est sous un ciel gris et bas que nous avons quitté Moûtiers ce samedi 2 août au matin, et à peine dépassé Aime une pluie forte s’est mise à nous arroser copieusement comme un avertissement de ce qui allait nous attendre pendant deux jours de randonnée vers le refuge du Carro à Bonneval-sur-Arc.
Le but de notre journée était d’atteindre le Refuge en empruntant le sentier balcon qui part du pont de l’Oullietaz, sur la descente du col de l’Iseran côté Maurienne. Pendant toute la route nous nous préparions à nous faire bien mouiller, vu que la météo annoncée était bien confirmée par la pluie que nous affrontions en voiture.
Malgré les mauvaises conditions, sur les douze personnes inscrites, seulement deux se sont fait porter pâles. Mais après Val d’Isère, dans la montée au col de l’Iseran nous avons commencé à percevoir des nuages plus lumineux, puis finalement

Le Séneçon de Haller
photo Ph. Pellicier

quelques points de ciel bleu. Nous avons finalement effectué notre marche sous un ciel variable et sans plus aucune goutte de pluie... sauf une courte averse un peu avant l’arrivée au Carro, qui nous a permis d’apprécier encore plus l’arrivée au refuge sous un soleil chaud et radieux.
Au refuge nous étions seuls avec un couple de marcheurs que le mauvais temps n’avait pas effrayé. L’accueil a été très chaleureux et très convivial et nous avons profité de la cuisine roborative du tenancier et de son génépi maison !
Le sentier balcon offre une vue panoramique sur les sommet de Haute Maurienne dont nous n’avons pu profiter que partiellement à certains moments. Ce chemin court à flanc de versant avec assez peu de dénivellé, d’abord en dehors du parc national puis à l’intérieur.
Nous avons beaucoup herborisé sur le début de la randonnée dans la partie montante, le long sur sentier en lacets. La flore très riche et variée nous a retenu longtemps au point qu’ensuite nous avons dû marcher sans flâner pour rattraper notre retard. Cette partie est constituée d’une pelouse rocailleuse et écorchée alternant avec des zones caillouteuses. Nous pouvons relever parmi une longue liste quelques plantes remarquables :
*la Campanule alpestre (Campanula alpestris), plante presque acaule avec sa grosse corolle très élégante, plante très rare et protégée en France ;
*l’Achillée erba-rota, aux fleurs blanches et au parfum agréable, ne se rencontre qu’en Haute-Tarentaise et Haute-Maurienne ;
*l’Oxytrope de Suisse (Oxytropis helvetica), plante acaule au pétioles rouges, fleurs violet pâle, assez facile à rencontrer an Haute-Maurienne et Haute-Tarentaise ;
*la Laîche des rochers (Carex rupestris), discrète avec son épi unique, elle ne se recontre que sur les rochers et ne doit pas être confondue avec d’autres cypéracées qui lui ressemblent ;
*la Minuartie recourbée (Minuartia recurva subsp. recurva), petite caryophyllacée blanche qui doit son nom à ses rameaux aux feuilles toutes dirigées du même côté ; elle est très rare en France et ne doit pas être confondue avec d’autres, notamment la Minuartie printanière ;
*la Paronyche à feuille de renouée (Paronychia polygoniifolia), qui forme de petits tapis discrets, au fleurs peu visibles mais reconnaissable par ses bractées parcheminées ;
*la Pétrocalle des Pyrénées (Petrocallis pyrenaica), qui orne les creux de rochers de ses fleurs roses.

Nous avons pris notre pique-nique à l’abri d’une commbe à neige sur des rochers. Tout autour nous notons les plantes caractéristiques de ces cuvettes où la neige reste longtemps. Nous reprenons ensuite notre chemin car nous devons impérativement atteindre le refuge et nous en sommes encore loins.
Au passage d’une zone humide après le Plan des eaux, nous observons la très rare Laîche de Lachenal (Carex lachenali), protégée en France et présente seulement en Savoie et dans les Hautes-Alpes.

La Gentiane rameuse
photo Ph. Pellicier

Parmi les autres plantes notées tout le long du chemin on peut citer :
*la Gentiane rameuse (Gentiana ramosa), rarissime gentiane à la corolle à cinq lobes ;
*la Gentiane à feuilles orbiculaires (Gentiana orbicularis) aux feuilles obtuses dont les bords sont coriaces et ornés de papilles à la loupe et la Gentiane de Schleicher (Gentiana schleicheri) dont la pointe des feuilles est typiquement relevée en spatule de ski, cohabitent non lin l’une de l’autre dans un ébouli ;
*la Campanule du Mont-Cenis (Campanula cenisia) non loin des gentianes ;
*la Pédiculaire d’Allioni (Pedicularis rosea subsp. allionii) dans les éboulis végétalisés
*l’Orpin rose (Rhodiola rosea) orne les blocs presque à l’arrivée au refuge, de ses hauts bouquets de fleurs jaunes ;
*le Séneçon de Haller (Senecio halleri) ressemble au séneçon blanchâtre mais s’en distingue par ses gros capitules arborant de grandes ligules et ses feuilles beaucoup moins incisées.

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