7 août 2016 : du Plan de la Laie au refuge de la Croix du Bonhomme
Article mis en ligne le 11 septembre 2016

par Philippe Pellicier

Compte rendu rédigé par Monique Magnouloux, Claudie Desjacquot er Philippe Pellicier

Arrivés les uns par Bourg-Saint-Maurice, les autres par Beaufort, nous nous retrouvons une douzaine pour cette randonnée en Beaufortain, au pied du massif du Mont-Blanc. Le temps est très beau. Cette randonnée un peu longue nous oblige à marcher dès le début pour atteindre le col de la Sauce. Dans cette montée beaucoup de plantes sont déjà fanées, ce qui nous permet de ne pas trop perdre de temps.
Nous soulignons dans la liste complète disponible dans l’espace adhérent quelques plantes intéressantes :
 le Jonc arctique (Juncus arcticus), à l’inflorescence compacte logé dans le quart supérieur de l’ensemble tige-bractée, elle est bien présente dans les zones humides dans le début de la montée, dans des bas marais alcalins ;
 la Minuartie à feuilles de mélèzes (Minuartia laricifolia), se reconnaît à ses grandes fleurs blanches dont les pétales dépassent du double les sépales arrondis. Elle fréquentes les terrains acides en zone subalpine, où elle est abondante seulement localement ;
 la Livèche mutelline (Mutellina purpurea), petite ombellifère des pelouse de montagne à deux ombelles.

L’Alchémille plissée
photo Ph. Pellicier

Sur un rocher assez près du départ :
 l’Alchémille plissée (Alchemilla alpigena), du groupe de l’Alchémille alpine aux lobes profondément découpés. La face inférieure des feuilles est complètement recouverte d’un tomentum de poils argentés, les limbes ont en général 5-7 lobes et les dents à leur extrémités sont petites (<=1,5 mm) ;
Quelques papillons déterminés par Claudie :
LY Cyaniris semiargus, Demi Argus
LY Maculinea arion, Azuré du serpolet – Grand Azuré localisé et peu abondant. Dessus bleu avec de grosses taches noires. Chenille sur Serpolet puis dans les fourmilières.
NY Coenonympha gardetta, Satyrion
NY Erebia mnestra, Moiré fauve
PA Iphiclides podalirius, Flambé – en fin de vie, à peine reconnaissable, usé.

Dans une combe à neige près deu col de la Sauce :
 la Laîche fétide (Carex foetida) avec ses épillets bruns groupés au somme de la tige ;
 l’Alchémille à cinq feuilles (Alchemilla pentaphylla), très reconnaissable dans le genre à ses feuilles typiquement découpées ;
 la Sibbaldie rampante (Sibbaldia procumbens), proche des alchémilles mais avec trois folioles ;
 le Gnaphale nain (Gnaphalum supinum) tout petit gnaphale typique des combes à neiges avec
 le saule herbacé (Salix herbacea) dont les deux feuilles à l’extrémité des rameaux « se regardent » ;
 le Céraiste à trois styles (Cerastium cerastioides) ;
 le Saxifrage étoilé (Micranthes stellaris) ;
et le lichen des combes à neige dont le dessous orange se montre sur les bords : Solorina crocea.

La plus grosse partie de notre herborisation se fait tout au long de la crêtes des Gittes, arête que l’on doit parcourir entièrement pour se retrouver sur le plateau qui abrite le refuge. Bien que cette arête ne soit pas mauvaise à parcourir, il ne faut pas être sensible au vertige, car elle peut impressionner par endroit, bien qu’il n’y ait aucun danger car le chemin est suffisamment large.
On souligne les plantes les plus remarquables :
 L’armérie des Alpes Armeria alpina : famille des Plumbaginacées ;
 la Cardamine des Alpes Cardamine alpina : feuilles toutes indivises (C. resedifolia  : feuilles supérieures pennatipartites) ;
 la Vergerette des Alpes Erigeron alpinus : involucre poilu mais pas velu-laineux, feuilles avec longs poils sur les faces et des fleurs filiformes à a périphérie du capitule ;
 la Vergerette glabre Erigeron glabratus : plante glabre, pas de fleurs filiformes, sur calcaire ;
 la Vergerette négligée Erigeron neglectus : feuilles glabres sur les faces, ciliées- fleurs filiformes- calcaire ;
 le Gaillet à feuilles inégales Galium anisophyllon : entre-nœuds courts ;
 la Gentiane orbiculaire Gentiana orbicularis : calice à angles ailés, rosette de feuilles à peine plus grandes que les feuilles caulinaires, feuilles obtuses - rosettes stériles- Flora Gallica : plante tendant à former un coussinet avec l’âge- Alpes internes- calcaire et schistes basiques. Haute-Savoie : Chablais N-E et Contamines-Montjoie, en limite avec la Savoie ;
 la Gentiane délicate Comastoma tenellum (=Gentiana tenella), calice à quatre lobes, bleu-lilacé – le genre Comastoma est eurasiatique de 25 espèces- 1 seule espèce en France, Alpes, Pyrénées- Au retour nous avons fait sur le sentier une flèche avec des pierres, nous avons entouré la plante (elle est très petite !) d’une couronne de cailloux et nous avons même coincé dans les cailloux un papier avec le nom, mais Philippe n’a rien vu, il allait trop vite !

Le Sainfoin obscur
photo Ph. Pellicier

- le Sainfoin obscur Hedysarum hedysaroides :- Alpes du nord - (Alpes du sud : H. boutignyanum - et intermédiaire, H. brigantiacum) ;
 la Moehringie ciliée Moehringia ciliata : feuilles linéaires, ciliées à la base - Alpes du nord, éboulis calcaires froids et mobiles ;
 Pachypleurum mutellinoides (= Ligusticum mutellinoides = Gaya simplex) : une seule ombelle, involucre présent- sur crêtes ventées ;
 le Paturin du Mont-Cenis Poa cenisia : feuilles distiques, pas d’arête- éboulis calcaires (Trisetum distichophyllum : arête) ;
-Le Saxifrage à feuilles rétuses (Saxifraga retusa), pas courant et peu abondant, il forme des coussins durs avec ses feuilles, il n’est plus en fleur
 le Saxifrage à deux fleurs Saxifraga biflora : anthères jaune-orangé, petales violets, lilas ou blancs ;
 le Trisète à panicules ovales Trisetum spicatum ssp ovatipaniculatum : épi brun brillant- calcaire- la ssp spicatum est arctique ;
 l’Alchémille des glaciers (Alchemilla glacialis) du groupe de l’Alchémille des Alpes, mais avec des poils peu abondants à la face inférieure, laissant voir les nervures, de grandes dents et un limbe formant presque un cercle complet, généralement à plus de cinq lobes.

Un petit lichen facile à reconnaître : Peltigera venosa : terricole, souvent sur les talus, calcifuge, moyennement acidophile ou subneutrophile, aéro- et substrato-hygrophile, euryphotique, peu ou pas nitrophile. Étages collinéen et surtout montagnard, subalpin et alpin. (Association Française de Lichénologie)

Le versant Gittaz au Nord est raide et bien colonisé par des lichens :
Cetraria islandica : terricole, sur sol calcaire ou non, ou détriticole, dans les pelouses et les forêts claires, héliophile. En montagne, jusqu’à l’étage nival. (AFL)
Flavocetraria nivalis : terricole, ou détriticole, sur des sols calcaires ou non. Dans des pelouses alpines, rases, dans des stations bien exposées à tous les temps y compris le vent et la neige, bien éclairées et bien ensoleillées. Étages montagnard supérieur (rare), subalpin et alpin. Assez commun dans les Alpes. Existe aussi dans le Massif des Vosges, l’Ain, le Massif central et les Pyrénées. Cetraria cucullata est proche mais possède des lobes plus étroits, enroulés, à extrémités non tronquées et une couleur pourpre rougeâtre à la base. (AFL)
Stereocaulon cf alpinum
Thamnolia vermicularis : pas de reproduction sexuée, ce lichen est toujours stérile mais il peut posséder des pycnides réparties sur toute la surface du thalle. Commun sur le sol, surtout acidophile, entre les mousses et les herbes dans toutes les régions de haute montagneuse et froides du globe. (AFL)

Nous avons observé des oiseaux :
Vautours fauves – au moins 12 – sur la crête des Gittes, avant le refuge pendant le pique-nique, et en montant au col des Fours. Ils passent au-dessus de nos têtes ;
Niverolles – en contrebas du sentier, sur la crête, un vol d’une quarantaine d’individus ;
Craves à bec rouge – entendus très souvent au cours de la montée.

Et des mammifères :
 un bouquetin femelle
 un chamois pas farouche, se laissait observé par beaucoup de monde autour du refuge.

À trois nous avons poursuivi après le refuge jusqu’au col des Fours à 2665 m d’où nous avons un panorama sur le massif du Mont- Blanc et le col de la Seigne.
Dans la montée bien enneigée nous avons noté :
 La Gentiane à feuilles étroites Gentiana brachyphylla : calice non ailé, tube étroit, feuilles subaiguës - cespiteux- Flora Gallica : plante isolée ou en petite touffe- Alpes internes- surtout sur silice ;
 l’Arabette pennatifide Murbeckiella pinnatifida : - feuilles caulinaires divisées, tige avec minuscules poils étoilés, siliques - Alpes, Massif central, Pyrénées- 1600-3200 m- éboulis acides- Svante Samuel Murbeck (1859-1946), botaniste suédois, professeur à l’université de Lund, il a travaillé sur les plantes d’Afrique du nord, il a découvert la parthénogénèse des Alchémilles ...

Le Dactylorhize de Savoie ©photo Ph. Pellicier l'Alchémille des glaciers ©photo Ph. Pellicier Le Doronic à grandes fleurs ©photo Ph. Pellicier La Moehringie ciliée ©photo Ph. Pellicier Le Sainfoin obscur ©photo Ph. Pellicier la Gentiane de Bavière ©photo Ph. Pellicier L'Armérie des Alpes ©photo Ph. Pellicier L'Hornungie des ALpes ou cresson des chamois ©photo Ph. Pellicier Le Tabouret à feuilles rondes ©photo Ph. Pellicier la Pédiculaire tubéreuse ©photo Ph. Pellicier la Pédiculaire verticillée ©photo Ph. Pellicier la Minuartie faux-orpin ©photo Ph. Pellicier l'Arabelle pennée ©photo Ph. Pellicier L'Alchémille plissée ©photo Ph. Pellicier Solorina crocea, le lichen des combes à neige ©photo Ph. Pellicier