par Philippe Pellicier
Séjour nature dans les Baronnies du 16 au 18 mai 2014 : deuxième jour
Lorsque nous avons préparé le séjour avec l’aide précieuse de la société botanique d’Avignon, on nous a indiqué un circuit dans le secteur des dentelles de Montmirail à partir de Lafare. Nous ne sommes plus dans le Drôme mais dans le Vaucluse. En fait ce tour était beaucoup trop long et trop difficile pour notre groupe, présentant des passages escarpés le long des falaises. Nous avons tout de même gravi la pente d’abord dans la garrigue puis dans la forêt jusqu’au pied de la falaise.
Nous avons pu herboriser dans la partie basse surtout et aux abords de cultures avec des espèces assez courantes de ces milieux. Nous avons pu profiter du paysage extraordinaire sur les dentelles de Montmirail. Aus abords de la pinède nous avons observé un magnifique papillon le Tytire ou Ocellé rubané (Pyronia bathseba). D’autres papillons aussi mais qui n’ont eu la courtoisie de se laisser photographier...
En redescendant nous avons observé un petit escargot, le Cyclostome élégant (Pomatias elegans), qui a la particularité, et c’est le seul en France, de s’enfermer dans sa coquille par une paroi calcaire, qu’on appelle opercule. Sa coquille épaisse et conique présente des côtes assez marquées. Il est fréquent dans les régions calcaires du sud et de l’ouest de la France dans les régions basses.
Nous sommes revenus plus tôt que prévu aux voitures et devant le grand nombre de personnes qui ne sont jamais allées au sommet du Mont Ventoux, nous décidons de nous y rendre l’après-midi. Nous faisons un arrêt à la station de ski de Mont-Serein avant d’aller jusqu’au sommet.
À Mont-Serein nous faisons une herborisation dans la pelouse et sur les dalles. L’ambiance est encore printanière avec une pelouse rase très peu avancée, parsemée des belles inflorescences roses de la Valériane tubéreuse (Valeriana tuberosa). Il y a du vent. Nous avançons jusqu’à une zone de dalles qui offre une végétation plus avancée : il y fait plus chaud que dans la prairie, les pierres emmagasinant la chaleur. Parmi les Globulaires à feuilles en cœur (Globularia cordifolia), nous observons au ras du sol des touffes abondantes d’Hélianthème blanchâtre (Helianthemum oleandicum subsp. incanum), au feuilles grises tomenteuses à la face inférieure, la paronique à feuilles de serpollet (Paronychia kapela subsp. serpyllifolia) et la Minuartie à rostre (Minuartia rostrata) aux sépales marqué d’une nervure blanche.
Pendant que nous étions à quatre pattes en train d’examiner l’ornement des dalles, un homme qui nous regardait déjà depuis un moment, s’approche de nous pour finalement nous accoster et nous demander ce que nous cherchons. Il avait en fait compris que nous étions botanistes. Il s’agissait de Jean-Pierre Baron, spécialiste de la vipère d’Orsini, espèce rarissime en France, et qui fréquente ce lieu du Mont-Serein. M. Baron nous parle des recherches qu’il a entreprises depuis des années et de sa passion pour ce reptile menacé ici par la fréquentation touristique. Depuis trois jours qu’il est ici, il n’a pas eu la chance d’observer l’animal. Au bout d’une demi-heure, nous repartons de notre côté et lui du sien. Peu après, près d’un bouquet de genévriers nains... nous tombons sur une vipère d’Orsini en train de se faire dorer au soleil ! Tout le monde est appelé pour observer l’animal et nous partons à la recherche de M. Baron que nous venions de quitter. Il accoure aussitôt mais n’a pas la chance d’observer la vipère qui s’est cachée sous le genévrier. Bref ce fut une belle rencontre.
Sur le sommet du Ventoux, il n’y avait pas de vent, ce qui est rare. Nous avons pu jouir d’un panorama clair. Nous avons aussi pu observer quelques plantes intéressantes, bien que la végétation soit très peu avancées : l’Ibéris de Candolle (Iberis nana), la Violette du Mont-Cenis (Viola cenisia), le pavot orangé (Papaver aurantiacum) non fleuri...
Pour revenir sur Plaisians, nous avons pris la route touristique par Sault.
Merci à Odette Lussiana pour les photos.