Malgré le vent et le froid notre sortie prévue à Saint-Oyen a eu lieu avec un groupe d’une vingtaine de personnes dans une pelouse sèche un peu en pente et dont le sentier étroit n’était pas très adapté à la conduite d’un groupe un peu nombreux. Finalement nous nous sommes adaptés pour que chacun puisse profiter des observations des plantes de cette zone que nous n’avions jamais visitée les années précédentes. Le bassin d’Aigueblanche est au porte de Moûtiers et donc de l’entrée dans les « Alpes internes » à la pluviométrie beaucoup plus faible que l’aval de la vallée jusqu’à Albertville. De ce fait on trouve sur les pelouses sèches du bassin certaines des plantes caractéristiques des pelouses plus sèches que l’on trouve dans le bassin de Moûtiers ou plus en amont sur Villette, Aime ou Brides, Bozel.
Nous avons mis en évidence le Brome dressé (Bromus erectus) qui est la graminée qui constitue la base de la pelouse. Nous avons sentie la racine fraîchement déterrée de la Flouve odorante (Anthoxanthum odoratum) avec son odeur caractéristique de foin due à la présence de coumarine. Pour nous adapter à la présence de personnes débutantes nous avons mis en évidence les caractères de quelques familles importantes dont nous avions des spécimens sous les yeux :
– les fabacées, anciennement légumineuses ou papilionacées à cause de la fleur irrégulière dont les pétales étalés évoque un papillon : le pétale dressé vers le haut -l’étendard- les deux latéraux -les ailes- qui recouvrent plus ou moins un pétale inférieur en forme de coque de bateau -la carène- Dans cette famille nous avons noté dans la pelouse : le trèfle des prés (Trifolium pratense) au fleurs roses, les trèfle des montagnes (T. montanum) aux fleurs blanches, la luzerne lupuline ou minette (Medicago lupulina) aux fleurs jaunes minuscules, lotier corniculé (Lotus corniculatus) aux fleurs jaunes avec lequel il ne faut pas confondre l’hippocrépis à toupet (Hippocrepis comosa), le sainfoin (Onobrychis vicifolia) ;
– les Brassicacées ou crucifères à cause des quatre pétales en croix, mais un autre caractère est la forme allongée de l’épi fructifère qui donne aux crucifères en fruits une silhouette reconnaissable. Nous notons dans cette famille : l’arabette hirsute (Arabis hirsuta) aux fleurs blanches, l’arabette des dames (Arabidopsis thaliana) très frêle et discrète et la fausse roquette à feuilles de cresson (Erucastrum nasturtiifolium) ;
Nous admirons la belle couleur bleue des fleurs du Bugle de Genève (Ajuga genevensis), plante caractéristique des pelouses ensoleillées et beaucoup moins fréquente que son voisin le bugle rampant (Ajuga repens) qui apprécie les endroits plus humides et frais et que nous observons au retour près des voitures.
De nombreuses autres plantes sont recensées parmi lesquelles la laîche printanière (Carex caryophyllea), les silènes enflé (Silene vulgaris) et penché (S. nutans), le polygale à toupet (Polygala comosa), l’origan (Origanum vulgare) non encore fleuri, le serpollet (Thymus sp.), la potentille printanière (Potentilla neummaniana), la koelérie crêtée (Koeleria cristata)...
La vue est belle et le ciel bien bleu, mais il fait très froid à cause du vent. Cette température paralyse les insectes et un papillon Macaon se tient comme paralysé au sommet d’une tige de brome et se laisse longuement observé...