Compte-rendu rédigée par Monique Magnouloux et Philippe Pellicier
Photos de Odette Lussiana et Philippe Pellicier
Le col de Gleize sur la commune de Gap, est une brèche dans la ligne de crêtes qui borde le massif du Dévoluy au sud-est, entre la montagne de Charance qui domine Gap et le pic de Gleize qui se trouve côté Champsaur.
Nous admirons un beau panorama commenté par Monika : le Vieux Chaillol 3123 m - col Venasque - vallée de Chapoléon, sur le Drac Blanc, à 23 km de Saint-Bonnet, Drac Blanc et Drac Noir- Petite et Grande Autane (2519 m, 2782 m), Durance…
En-dessous, vue sur le golf du col Bayard, un quadrillage …
Nous commençons notre herborisation en dessous du parking dans une pelouse, côté col Bayard, ensuite sur le grand chemin, puis montée dans le pâturage et descente par le petit chemin qui traverse le mélézein.
Oiseaux : Chardonneret, Mésange alpestre, Mésange noire, Coucou, Pigeon ramier, Pouillot de Bonelli, Pouillot véloce, Pinson, Grive draine, Traquet motteux, Rouge-gorge, Hirondelle de fenêtre, Crave à bec rouge (entendu)…
Observés : Opercule d’escargot de Bourgogne- Traces de cerf
Une belle chenille jaune et noire : Callimorpha dominula , Écaille lustrée, Écaille marbrée, chenille sur diverses plantes et même arbustes. Ici, sur Myosotis, Cerinthe, Cynoglosse…
On peut noter parmi les plantes remarquables qui sont nombreuses :
– une sous-espèce du Grémil des champs (Buglossoides arvense subsp. permixta) dont les fleurs ne sont pas blanches mais comme celle des myosotis, présente dans les Alpes du sud ;
– la Fritillaire du Dauphiné (Fritillaria tubiformis), une tulipe noire à fleur penchée qui fréquente les Alpes du Sud ;
– la Carline à feuilles d’Acanthe (Carlina acanthifolia), cardabelle, chardon soleil, chardon baromètre, à gros cœur et grandes feuilles, qu’on voit parfois sur les portes des granges ;
– l’Androsace de Chaix (Androsace chaixii) aux tiges ramifiées garnies de fleurs roses est une plante des préalpes du Sud qui remonte jusqu’en Isère, protégée en rhône-Alpes ;
– l’Androsace jaune ou Androsace de Vital (A. vitaliana) était très abondante à plusieurs endroits et formait de grands coussins garnis de fleurs jaunes ;
– la Pulsatille de Haller (Anemone halleri) aux fleurs violettes est pratiquement défleurie, mais nous repérons ses feuilles velues, plante protégée en France ;
– La Gentiane du Dauphiné (Gentiana verna subsp. delphinensis), sous espèce de la gentiane printanière différente de celle que nous avons en Tarentaise par ses feuilles aiguës et acuminée.
Nous prenons notre repas à l’abri du vent qui est froid mais qui heureusement ne souffle que par intermittences.
Après le pique-niquenous prenons le chemin de la montagne de Chaudun : « montagne dénudée »- site occupé dès l’époque romaine. Au XIXe s., misère, disparition du village. En 1888, les 110 derniers habitants achètent le territoire de la commune- fait sans précédent en France- 7 ans de tractations- Sur leur demande, le territoire de Chaudun est annexé à la commune de Gap. Reboisements et grands travaux réalisés par la Restauration des Terrains en Montagne… Là nous notons entre autres :
– le Népéta à feuilles lancéolées (Nepeta nepetella) en feuilles reconnaissables à son odeur. En Savoie sur les adrets de Maurienne, pas en Haute-Savoie ;
– la Renoncue de Séguier (Ranunculus seguieri) : tout de suite après le cattle grid (barrière canadienne)- pas en Savoie, ni en Haute-Savoie, présente dans l’Ain- Villars a dédié cette plante à J-Fr Séguier (1705-1784), un érudit nîmois, archéologue, naturaliste …Villars a visité les riches collections de Séguier dans les années 1770. Le suédois Loefling a dédié à Séguier un genre d’arbuste d’Amérique du sud, Seguieria.
La route forestière passe par deux petits cols intermédiaires (col du Milieu et col de Chabanottes) avant de descendre en lacets jusqu’au fond du vallon de Chaudun. Nous entendons des marmottes.
Nous finissons notre herborisation par la route du col de Gleize où nous desendons, les chauffeurs nous rejoignent un peu après. Nous y notons :
– l’Astragale du Danemark (Astragalus danicus) : fleurs violet et blanc, sessiles, fruits dressés, poils simples, stipules soudées sur la moitié de leur longueur, feuilles à 7-13 paires de folioles glabrescentes, calice poilu Chas p 258 – pelouses sur calcaire, C, Dévoluy, Gapençais… en Savoie : Hte Maurienne- pas en Haute-Savoie ;
-le Vélar provençal (Erysimum nevadense ssp collisparsum) aux fleurs jaunes et aux feuilles garnies de poils « en navette » ou médifixes, c’est à dire fixés par leur milieu ;
– Coritospermum ferulaceum (=Ligusticum ferulaceum) forme de grosses touffes sur le talus et ne sont pas encore fleuries ;
– le Lin de la garrigue (Linum suffruticosum subsp. appressum) sur place nous avons nommé la plante Linum salsoloides. Philippe a corrigé- Chas p 306 : ssp salsoloides est en fait un endémique espagnol, selon M. Kerguelen…rejets stériles nombreux (peu nb ou nuls : L. tenuifolium)
– la Catananche bleue (Catananche caerulea) commence à peine à fleurir sur certains pieds ; heureusement des bractées scarieuses permette de la reconnaître facilement ;
– la Scabieuse à feuilles de graminées (Lomelosia graminifolia), une scabieuse bleue à feuille très fines, n’existe pas en Savoie, mais en Haute-Savoie au Mont-Chaffé dans le chablais où elle est très abondante localement.
En redescendant du col dans la voiture nous décidons un nouvel arrêt au col Bayard. Nous suivons un plan d’une session précédente retrouvée par Monique et nous retrouvons :
– le cytise à fleurs en têtes (Cytisus hirsutus), plante eu commmune, connue en Savoie sur le piémont de Chartreuse et à Chignin.
Dans un petit marais :
– la Danthonie alpine (Danthonia alpina) Chas p 691- fréquent et abondant sur le plateau de Bayard- Protégé liste régionale- Claudie trouve trois pieds pas encore bien développés- glumelle externe bifide, à deux lobules acuminés, munis dans leur sinus d’une arête flexueuse, tordue ;
– la Renoncule à feuilles de graminée (Ranunculus gramineus) en bordure, côté chemin, pas bien développé mais reconnaissable- Chas p 159 – AR et localisé, Sud-Ouest du département jusqu’aux environs de Gap et à la bordure est du plateau de Bayard, entre 510 et 1615 m d’altitude.
Au retour vers Molines, Minika nous fait visiter la Chapelle des "Pétètes" au hameau de l’Aubérie :
Entre 1740 et 1743 Jacques Pascal, habitant de l’Aubérie, maçon et charpentier, construit cette petite chapelle. Elle doit son nom à la présence sur la façade de niches dans lesquelles figurent de naïves statues, masques ou bustes (poupées : « pétètes » en patois local). Les figurines représentent des saints et les petites têtes sont attribuées aux âmes égarées réclamant le purgatoire… La chapelle est consacrée à Saint Grégoire, évêque souvent invoqué pour la sauvegarde des âmes du purgatoire. Elle est aussi appelée « la chapelle des amoureux » car Jacques Pascal aurait, selon la légende, sculpté les poupées pour séduire une belle bergère.
Cet édifice, rare exemple d’art populaire, est classé monument historique depuis 1994.