Partis de Tarentaise sous la pluie, les prévisions météo n’étaient pas mauvaises pour la région que nous devions visiter. En effet après Vizille sur le route Napoléon, les nuages se sont éclaircis laissant petit à petit se montrer le bleu du ciel annonciateur d’un temps plus clément.
Le rendez-vous était donné au village du Noyer sur la rive gauche du Drac. Nous sommes sur les contreforts du massif du Dévoluy dans la vallée du Champsaur.
Le Noyer est le village de natal de Dominique Villars, botaniste célèbre du 18ème siècle, qui a largement contribué à la connaissance de la flore de la région par son œuvre : « Histoire des plantes du Dauphiné » dans laquelle il décrit plus de 2500 espèces, fruit de vingt années d’observation de la flore dauphinoise. En 1766, il rencontre l’abbé Dominique Chaix, botaniste amateur bien connu par le nom de certaines plantes qui lui on été dédiées, qui le forme véritablement à la botanique et lui fait découvrir l’œuvre de Carl von Linné. Dans le village du Noyer, nous avions déjà visité le petit jardin botanique qui entoure la maison de la botanique lors d’un précédent passage.
Après le pique-nique pris à l’abri du vent, nous projetons de parcourir le sentier Villars qui permet de découvrir une flore très riche. Néanmoins nous constatons que la floraison n’est pas en avance et nous observons beaucoup de plantes sans fleurs.
Comme souvent, nous nous attardons au début pour découvrir une fleur sensiblement différente de celle à laquelle nous sommes habitués en Tarentaise.
Le début du sentier longe un torrent qui fait cohabiter sur ses berges l’Aulne glutineux (Alnus glutinosus) ou le bouleau (Betula pendula) avec tout près, sur des buttes sèches la Bugrane à feuille ronde (Ononis rotundifolia) ou l’astragale toujours vert (Astragalus sempervirens) , pour donner un exemple de contraste inhabituel rencontré dans cet endroit.
Dans le bois de pins que nous avons traversé par endroit, nous avons pu observer plusieurs pyroles :
La Pyrole unilatérale (Orthilia secunda) ;
La Pyrole verdâtre (Pyrola chlorantha) ;
La Pyrole uniflore (Moneses uniflora).
Plusieurs violettes aussi :
La violette hérissée (Viola hirta) ;
La violette des rochers (V. rupestris), bien présente tout le long du sentier ;
La violette des collines (V. collina), plus en fleurs à cette époque, mais bien reconnaissable à ses stipules à franges ciliées.
Nous avons aussi admiré le superbe bleu des fleurs des Gentianes à feuilles étroites (G. angustifolia), Gentiane que l’on ne rencontre que dans les pré-alpes plutôt au nord.
Sur un Genévrier commun (Juniperus communis) nous avons observé les formations gélatineuses et oranges du stade télien de Gymnosporangium clavariiforme. Les gymnosporangium sont des champignons parasites du groupe des urédinales (basidiomycètes), communément appelées les rouilles, qui commencent leur cycle sur l’hôte primaire sur lequel germe la basidiospore : ce sont des arbres de la famille des rosacées (sorbiers, amélanchiers, cotonéasters...) où se forment les spermogonies (premier stade ou stade S) et les écidies (deuxième stade ou stade I). Puis les écidiospores germent sur les juniperus (stade III ou télien). Ces téleutospores à une cloison donneront naissance à la baside cloisonnée, caractéristique des urédinales. La basidiospore sera disséminée et germera au contact d’une feuille de l’arbre parmi les rosacées qui lui convient.
Mais aussi d’autre champignons comme l’Hydne cure-oreille (Auriscalpium vugare), la Collybie à cystides (Strobilurus stephanocystis) couronnées sur cônes de pins sylvestres. Et surtout Nous avons trouvé une colonie de morilles blondes (M. esculenta)
Nous avons pu aussi observer de nombreux insectes grâce à Claudie qui nous apprend à les découvrir, comme le très bel Agapanthe à pilosité verdâtre (Agapanthus villosoviridescens).
(Liste complète dans l’espace adhérent)