6 juin 2015 : Plateau de St May et col de Soubeyrand
Article mis en ligne le 17 juillet 2015

par Philippe Pellicier

Plateau de St Laurent au-dessus de St May – Col de Soubeyrand, 1064 m- Gîte de Francine…

Rédigé par Monique Magnouloux et Claudie Desjacquot Merci à ceux qui ont participé, donnée des notes, et pris des photos.

On passe à Rémuzat. On traverse les gorges de St May creusées par la rivière Eygues. Une petite route étroite sous un rocher à pic nous conduit au village de St May, on passe près de l’abbaye de Bodon où nous pique-niquerons. On arrive sur le plateau de St Laurent.
St May, ou St Mary, de St Marius, 1e abbé de l’abbaye de Bodon…

1- Plateau St Laurent (650 m à 750 m)

Parking- Un panneau sur les vautours- (il faudrait aller voir la Maison des Vautours à Rémuzat…)
Un groupe est accompagné par un ornithologue qui leur donne des explications.

Le Vautour fauve (Gyps fulvus) a été réintroduit en 1996 à Rémuzat. C’est un oiseau très social, qui niche en colonies dans des falaises abruptes d’accès difficile. Les adultes sont généralement sédentaires, mais entreprennent parfois des déplacements importants ; les immatures et sub-adultes sont connus pour leurs longues errances et s’éloignent parfois très loin de leur lieu de naissance.
Dans les Baronnies, le Vautour moine (Aegypius monachus) a été réintroduit en 2004. Après environ 150 ans d’absence dans l’arc alpin, en 2010, les deux premiers poussins sont nés dans les Baronnies. La colonie compte aujourd’hui cinq couples reproducteurs et environ une vingtaine d’individus. C’est la seule colonie reproductrice de l’arc alpin. La situation très fragile du Vautour moine dans la région nécessite la libération d’autres oiseaux pendant quelques années. Le Vautour moine niche aussi bien en plaine qu’en montagne ou sur des plateaux, généralement en couples isolés (ou en petites colonies assez lâches). Il construit souvent son nid volumineux au sommet d’un arbre (un pin sylvestre, un pin d’Alep ou un chêne vert) et n’est donc pas tributaire des parois rocheuses comme l’est le Vautour fauve.
Dans les Baronnies, le dernier couple de Vautours percnoptères (Neophron percnopterus) a disparu en 1981. La réintroduction du Vautour fauve en 1996 va jouer un rôle attractif pour cette espèce. En 2000, un premier couple s’installe suivi d’un second en 2007. Le Vautour percnoptère est migrateur : la majorité des individus européens passe l’hiver en Afrique, au sud du Sahara. L’espèce n’est nulle part très nombreuse : en Europe, elle est répandue dans la péninsule ibérique (environ 1400 couples pour des effectifs totaux estimés à environ 1600 couples en Europe occidentale), en Italie et dans les Balkans. La population française ne dépasse pas les 70 couples (environ 55 couples dans les Pyrénées et 15 dans le Sud-est). En dehors de l’Europe, le vautour percnoptère est répandu en Asie, depuis la Turquie et le Moyen Orient jusqu’en Arabie, dans le sud et le sud-ouest de l’Asie (il existe une sous-espèce propre au sous-continent indien). L’espèce est également largement répandue en Afrique, au nord et au sud du Sahara.

Chemin large, facile… mais très forte chaleur, on cherche l’ombre ! Champs de lavande, vergers…

Aegilops ovata : une jolie graminée méridionale que Philippe a trouvée en 1995 en Tarentaise, apportée par les moutons du Midi !
Avenula bromoides = Avenochloa bromoides= Helictotrichon bromoides : proche de A. pratensis, mais … absence de travées de sclérenchyme sur une coupe de limbe ! Feuilles anciennes à limbe étroitement en hélice… panicule jaunâtre, feuilles enroulées
Carduncellus monspelliensium = Carthamus carduncellus, le carduncelle des Montpelliérains : Carduncellus n’est plus un genre ! Rosettes à feuilles glauques, piquantes, fleurs bleues.Ici, tige courte, mais elle peut être plus haute (cf au-dessus du gîte).
Dorycnium pentaphyllum = Lotus dorycnium, la badasse  : base de la plante ramifiée et ligneuse, rameaux herbacés courts- en Savoie (rebord méridional des Bauges, piémont de la Chartreuse), c’est D. herbaceum = Lotus herbaceus, base de la plante non ou à peine ligneuse, rameaux herbacés allongés.
Gladiolus sp.  : d’après l’atlas de la Drôme, c’est Gladiolus italicus, le Glaïeul des moissons (= G. segetum).
Knautia collina = K. timeroyii ssp collina = K. purpurea, la knautie des collines : corolle rouge-pourpre, feuilles pennatiséquées. (Savoie : K. timeroyi… Maurienne, Bourg-St-Maurice… ?)
Leontodon crispus, le liondent à feuilles crépues : présence de poils étoilés qui ravissent Monique Arnaud ! En Savoie, à Challes-les-Eaux etc.
Linum tenuifolium, le lin à feuilles étroites : tiges hautes, ne pas confondre avec Linum suffruticosum qui présente des touffes denses, tiges basses.
Polygala nicaeensis : comme P. comosa, mais fleurs plus grandes. P. pedemontana du Mont Cenis est inclus dans P. nicaeensis.
Teucrium polium : odeur de saucisson !
Tragopogon pretensis subsp. minor, le petit salsifis  : Il possède des ligules beaucoup plus courtes que les bractées du capitules. Il n’apparaît pas sur l’atlas de la Drôme de L. Garraud. [1]

Grosse crotte noire (de quel animal ?), les Azurés apprécient…

Sur la crête, près de la croix du rocher du Caire

Beau panorama. On domine le village de Rémuzat et la rivière l’Oule.
Quelques vautours… Selon la légende, les vautours recherchent toujours le corps de saint May qui avait été caché dans une cavité du rocher du Caire avant d’être transféré à Forcalquier.

Micropus erectus = Bombycilaena erecta : Cotonnière, plante à tomentum blanc, cotonneux. L’ancien nom est revenu !
Xeranthemum inapertum : Immortelle à petits capitules roses- En Savoie de Hermillon à Avrieux et à Bourg-St-Maurice au Villaret, en voie de raréfaction.

2- Pique-nique près de l’abbaye de Bodon

Une abbaye est fondée au début du VIe siècle par saint Mary, Orléanais appelé par le premier évêque de Sisteron pour renforcer la communauté chrétienne de Sisteron. L’abbaye, d’abord placée sous l’invocation de saint Benoît, dont elle suivait la règle, prit ensuite le nom de son fondateur. La vallée garda le nom de Benoît, évoluant en Val-Bodon, ou Val-Benoit. Elle formait une enclave entre Gap, Vaison et Die. Cette enclave, appelée le Petit Diocèse, était administrée par l’évêque de Sisteron.
En 850 ou 851, l’évêque Jean II de Sisteron donne plusieurs églises du Val-Bodon à l’abbaye Saint-May.
Monastère détruit au VIIIe siècle par les invasions barbares, il est reconstruit au IXe s. et devient au XIIe s. un prieuré rattaché à l’île Barbe. Les bandes armées du XIVe s. et les guerres de religion du XVIe s. ruinent définitivement l’édifice.
Au début du IXe siècle, l’évêque Arnulphe de Sisteron transfère les reliques de saint Mary à Forcalquier.
Ce bastion avancé du christianisme sur lequel l’évêque de Sisteron exercera sa juridiction jusqu’au XVIIIe s. comptera jusqu’à 37 églises sous sa dépendance.
Il demeure aujourd’hui de ce prestigieux passé d’intéressants vestiges architecturaux d’origine romane, dont la chapelle actuelle restaurée au cours du XVIIe s. est le seul témoignage.
Une inscription devant la chapelle : « Hic est locus aedificatus quem fieri procuravit campanus praesul nomine ioannis episcopi sistaricensis anno XIIe Clotarii Regis Karoli filii. »
A côté de la chapelle, un gîte à louer…

Diaporama réalisé par Claudie Desjacquot. Bravo et merci.

3- Col de Soubeyrand, 1064 m- forêt domaniale de l’Eygues.

Nous ne restons pas longtemps : pluie- et l’endroit ne nous plait pas beaucoup…
Un grand champ de lavande et de la forêt….

Orchis ustulata = Neotinea ustulata : l’Orchis brûlé

On décide de rentrer au gîte.
Beaux tilleuls, la récolte commence tout juste. Les cerises sont mûres, certains s’arrêtent pour en acheter.
Arrêt pour acheter du miel chez un producteur que Francine nous a conseillé.
Rapistrum rugosum, le rapistre rugueux, brassicacée rudérale au fleurs jaune pâle
Asclepias syriaca : plante d’Amérique du nord, Herbe à la ouate, Herbe aux perruches.

4- Près du gîte de Francine Jouve

Sur le talus, en arrivant au gîte, à gauche : Bupleurum rotundifolium, en quantité !
Ranunculus arvensis, en bordure d’un champ de céréales, avec Legousia speculum-veneris
Catapodium rigidum = Desmazeria rigida = Scleropoa rigida
Orchis bouc, Orchis pyramidal… Dans la maison la plus proche, la tondeuse les a soigneusement épargnés.
Bonjeania recta = Lotus rectus En fait, Francine a acheté le plant, il n’est pas venu tout seul ! Idem pour Phlomis fruticosa, la « Sauge » de Jérusalem, Lamiacée avec des verticilles de belles fleurs jaunes que nous avons vue en avril en Grèce…
Dans le poulailler, un petit arbre : Broussonetia papyrifera, le Mûrier à papier, Moracée originaire du S-E asiatique. Les Chinois utilisaient jadis l’écorce pour faire du papier. Espèce dioïque.

Dans la cour, des touffes d’une graminée sèche, rare dans le département de la Drôme. En 1997, on me l’a montrée en Suisse, dans le Valais, à St Léonard (Binz : très rare). Je l’ai vue en meilleur état un matin devant le hangar du frère de Francine. C’est Sclerochloa dura- Lieux piétinés humides en hiver. Atlas de la Drôme : trois points, un dans la maille de Rémuzat et dix points blancs correspondant à des données anciennes.

Au bord de la route, en descendant à droite, dans le fossé : des petits crapauds – Bombina variegata, Sonneur à ventre jaune - face dorsale gris brun, face ventrale jaune avec des taches noires, pupilles en forme ce cœur. Francine dit que c’est la seule population de la Drôme… Il semble que non, mais dans les Baronnies provençales les populations sont dispersées et présentent des effectifs assez faibles.
Il y a aussi des larves de Salamandre…
Pas d’hirondelles, mais beaucoup de moineaux. Le Rossignol chante le jour et la nuit… On croit avoir entendu le Torcol…

Nous prenons le sentier qui part au-dessus de la ferme et qui va sur un plateau où le frère de Francine a des champs.

Carduncellus monspelliensium = Carthamus carduncellus : déjà vu deux fois aujourd’hui, à tige courte- ici la tige est plus haute et le capitule n’est pas épanoui. Le seul Cardoncelle de la Drôme.
Scorzonera laciniata = Podospermum laciniatum : présent en Savoie en Maurienne de St-Jean-de-Maurienne à Lanslebourg, présent jadis en Tarentaise…
Spartium junceum : plante cultivée autrefois, probablement en partie archéophyte (Flor Med). Tiges compressibles, mais tenaces : des fibres très solides !

Diaporama réalisé par Claudie Desjacquot. Bravo et merci.