Lundis 27 octobre et 3 novembre : Pussy
Article mis en ligne le 13 novembre 2014
dernière modification le 23 novembre 2014

par Philippe Pellicier
La Buxbaumie verte, mousse protégée en France
Elle se rencontre rarement sur les souches pourries d’épicéa, toujours en un nombre réduit d’individus. Ici seulement 2 individus malgré notre recherche intensive sur toute la souche.
photo Ph. Pellicier

Les 27 octobre et 3 novembre nous sommes sortis près de Pussy, presque au même endroit : le 27 au dessous du village du Crey et le 3 novembre un peu au dessus. En fait nous avons joint les deux parties ce qui fait que nous avons visité des endroits similaires même exposition nord-est, même pente environ 75%. Le 27 nous étions dans une hêtraie acidophile (Luzulo-fagion) avec quelques pins vers 700 m mêlée de noisetiers, bouleaux, frênes... Et le 3, des sapins et des épicéas se mêlaient et partout la canche flexueuse (Deschampsia flexuosae-fagion). Nous avons retrouvé beaucoup d’espèces communes dans les deux sorties, dont voici quelques lactaires :
 les Lactaire à lait brûlant (Lactarius pyrogalus), lactaire à odeur de noix-de-coco (L. glyciosmus), lactaire spinuleux (L. spinosulus) et un quatrième trouvé les deux lundis qui n’a pu être déterminé, mais étudié et conservé en herbier (à rechercher à l’avenir), tous sous noisetiers ou bouleaux.
 le Lactaire camphré (L. camphoratus) sur souches pourrissantes d’épicéa, dégage une forte odeur de chicorée quand il a séché ;
 le Lactaire pâle (L. pallidus) trouvé seulement le 27 octobre, visqueux, aux couleurs ocre carné.
Le 27 nous avons trouvé la Russule laurier-cerise (Russula laurocerasi var. laurocerasi), à la marge fortement cannelée, qui dégage une forte odeur d’amande amère un peu fétide et qui montre des spores à crêtes proéminentes mêlées de verrues isolées, ce qui permet de la différentier de la variété fragrans présentant seulement de grandes crêtes sur les spores. Sur un morceau de bois pourri nous avons trouvé une seule petite pézize rouge orangé de Scutellinia cejpii. La détermination en est délicate à cause du grand nombre d’espèces de ce genre se ressemblant toutes à l’œil nu, mais présentant de poils et des spores souvent très dissemblables selon les espèces, mais pour certaines assez ressemblantes. Nous avons fait appel à un spécialiste pour la déterminer.
Les champignons commençaient à se faire plus rares bien que le froid ne se soit pas encore manifesté, à cause des pluies peu abondantes du mois d’octobre. Alors nous avons exploré les endroits les plus humides : les souches pourries et les endroits ayant plus de végétation, là où la rosée humidifie bien les sol et le bois. Nous avons pu noter sur un tronc pourrissant et décortiqué de petites merveilles pour l’œil : deux myxomycètes Physarum nutans et Physarum viride tout frais, arborant sa couleur jaune fluo, une petite clavaire blanche couvrant une partie du tronc de « cornes » blanches de quelques millimètres de hauteur : Mucronella bresadolae. Sur plusieurs souches pourries d’épicéas, nous avons noté un myxomycète fréquent la Lycogale du bois (Lycogala epidendron), d’abord rose fluo pendant la période de formation, puis devenant brun-gris. À ses côtés nous avons aussi noté Tubulifera arachnoidea, un autre myxomycète relativement fréquent. Sur cette souche nous avons aussi observé, très discrète, les capsules d’une mousse rare et protégée en France, la Buxbaumie verte (Buxbaumia viridis).
À terre nous avons trouvé à plusieurs endroits une petite pézize jaune portée sur un pied et poussant sur des restes de bois mort et de brindilles de hêtre : Hymenoscyphus calyculus, le microscope nous a montré des spores en forme de boomerang, caractéristiques dans le genre par l’absence de cloisons.
Dans les mousses au bord du chemin nous avons également noté un cortinaire du groupe des cortinaires cannelles, dont le pied est rouge orangé à la base :le Cortinaire de Bataille (Cortinarius bataillei). Ailleurs nous tombons sur une colonie d’Hypholomes en touffes fraîchement éclos et nous trouvons aussi deux beaux spécimens de l’Agaric d’Auguste (Agaricus augustus).
Finalement de très belles sorties pour une fin de saison, dont la température clémente nous aura encore permis d’observer quelques beaux spécimens.

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