16 mai 2014 : Clue de Plaisians et Mollans-sur-Ouvèze
Article mis en ligne le 11 septembre 2014

par Philippe Pellicier

Séjour nature dans les Baronnies du 16 au 18 mai 2014 : premier jour

Une vingtaine de nos membres ont participé à ce séjour dans la Drôme à la limite du Vaucluse, préparé depuis l’hiver avec l’aide de membres de la société botanique du Vaucluse et de la société botanique locale. Des propositions précises et très documentées de sorties nous ont permis de visiter quelques stations très intéressantes, sous la conduite entre autres de Louisette et André Bart et d’autres amis que nous remercions vivement. Grâce à eux nous avons pu approcher des espèces que nous n’aurions pas pu observer sans cela
Le beau temps est avec nous. Nous sommes partis de Savoie le matin et avions rendez-vous avec nos guides en début d’après midi. En route nous avons fait un arrêt près de Rémuzat pour observer plusieurs vautours fauves en vol.
L’après midi nous avons herborisé près de la Clue de Plaisians, d’abord en bordure du torrent.

L’Aphyllanthe de Montpellier
Photo O. Lussiana

Nous avons commencé à découvrir ou à redécouvrir la flore du midi qui est radicalement différente de celle des Alpes du Nord. Parmi les espèces nous nous proposons d’en citer quelques unes :
 l’Aphyllanthe de Montpellier (Aphyllanthes monspeliensis) avec ses fleurs bleues et ses tiges sans feuilles comme l’indique l’étymologie du nom ;
 le Cytise à feuilles sessiles (Cytisophyllum sessilifolium) que nous reverrons un peu partout ;
 le Scirpe faux jonc (Scirpoides holoschoenus) qui pousse pratiquement les pied dans l’eau et qui ressemble à un jonc géant avec une inflorescence en forme de pompons ;
 la Fétuque marginée de France (Festuca marginata subsp. gallica) une fétuque à feuilles fines et pliées en deux, reconnaissable à ses trois îlots de sclérenchyme bien distincts que l’on peut bien voir en coupe à l’aide d’une loupe ;
 le Pistachier térébinthe (Pistacia terebinthus), arbre commun dans le sud de la France aux feuilles composées ; L’essence de térébenthine lui doit son nom car elle était à l’origine fabriquée avec la sève de cet arbre ;
 la Garance voyageuse (Rubia peregrina), ressemble à un gaillet muni d’aiguillons et qui s’accroche facilement, très fréquente dans le sud de la France. Un variété est utilisée comme plante tinctoriale et produit une teinture rouge.

Nous avons ensuite traversé le pont pour herboriser dans une garrigue. Parmi les plantes observées on peut citer :

L’Euphorbe à feuilles de graminées
Une espèce très rare et protégée.
Photo O. Lussiana

-l’Euphorbe à feuilles de graminées (Euphorbia tenuifolia), petite euphorbe à feuilles linéaires, très rares et protégé au niveau national ;
 le Lin de la garrigue (Linum suffruticosum subsp. appressum), lin à fleurs blanches très commun dans le sud et qui évoque notre Lin à feuilles ténues, mais qui s’en distingue par des touffes très denses à la base et des sépales à trois nervures ;
 quelques orchidées : l’orchis pyramidale (Anacamptis pyramidalis), l’Ophrys bécasse (Ophrys scolopax), l’Ophrys araignée (Ophrys araneola), l’Ophrys mouche (O. insectifera) ; toutes ces espèces existent en Savoie mais seule la dernière se rencontre par endroit en Tarentaise.
Nous avons aussi observé un ascalaphe, insecte qui ressemble à la fois à un papillon et à une libellule et qui caractérise les pelouses sèches, et une sauterelle, le Barbitiste des Pyrénéées (Isophya pyrenaea) sur un genêt d’Espagne. Il s’agit d’une espèce méridionale mais qui peut aussi remonter jusqu’en Savoie.

Nous avons ensuite pris les voitures pour nous rendre à Mollans-sur-Ouvèze, au pied du Mont Ventoux au nord, sur la pente douce qui descend vers le Toulourenc, la rivière qui sépare le département de la Drôme où nous nous trouvons de celui de Vaucluse. Là nous demeurons jusqu’à la fin de l’après midi pour établir une longue liste de plantes dans un milieu de garrigue semi-ouvert avec quelques espèces caractéristiques ou remarquables :
 des Genévrier cades (Juniperus oxycedrus) et des Genévriers de Phénicie (Juniperus phoenicea) ; le premier ressemble au Genévriers commun avec des aiguilles qui portent deux nervures blanches sur une face et le second porte des écailles et évoque plus un thuya ;
 le Nerprun infecté (Rhamnus saxatilis subsp. infectoria) dont les noyaux de fruits appelés « graines d’Avignon » permettaient d’obtenir une teinture jaune utilisée au Moyen-âge par les juifs obligés de s’habiller en jaune ;

Le Cynoglosse à feuilles de lin
L"inflorescence avec fleurs et fruits. Cette plante est très rare et protégée.
Photo O. Lussiana

-le Cynoglosse à feuilles de lin (Omphalodes linifolia), une borraginacée évoquant un myosotis aux fleurs blanc rosé ou violacé et aux fruits tout à fait caractéristiques ; cette plante est très rare, connue de quelques stations en Drôme. Elle est protégée au niveau régional ;
 l’Aristoloche pistoloche (Aristolochia pistolochia) aux fleur en urnes bordeaux noirâtre presque fermées et aux fruits sphériques ; c’est la plante nourricière de la chenille d’un rare papillon, la Proserpine, dont nous cherchons en vain les œufs ;
 le Buplèvre du Mont Baldo (Bupleurum baldense), buplèvre annuel très élégant ;
 l’Asterolinon lin étoilé (Asterolinon linum-stellatum), petite primulacée grêle et élégante aux fleurs insignifiantes ;
 la Campanula érine (Campanula erinus) aux minuscules fleurs bleu pâle est rare en Drôme ;
 le Liseron cantabrique aux feuilles linéaires très différentes du liseron des champs ;
 l’Échinaire à tête (Echinaria capitata), une petite graminée annuelle à têtes sphérique hérissée ;
 l’Ononis très petite (Ononis minutissima) dont nous avons pu admirer les toutes petites fleurs jaunes élégantes ;
 la Lentille noire (Lens nigricans), petite fabacée grêle aux fleurs bleu violacé miniscules, voisine de la lentille cultivée.

Ce n’est pas une liste exhaustive mais un aperçu de tout ce que nous avons pu voir.

Merci à Odette Lussiana pour toutes les photos, sauf l’Asaclaphe, photo réalisée par Maurice Pantaloni.

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