14 juillet 2014 : col du petit Mont-Cenis
Article mis en ligne le 26 août 2014
dernière modification le 27 août 2014

par Philippe Pellicier

Séjour botanique au Mont-Cenis du 12 au 14 juillet 2014 : troisième jour.

Ce troisième matin le beau temps n’est pas vraiment au rendez-vous. Nous sommes dans le brouillard, il ne fait vraiment pas chaud, mais la consolation c’est que la pluie ne sera pas au rendez-vous.
Nous partons du parking du refuge du petit Mont-Cenis en direction du col. Nos herborisons longuement dans une pelouse à Nard raide (Nardus stricta). Nous retrouvons beaucoup d’espèces déjà rencontrées les deux jours précédents. On peut ajouter dans les espèces les plus intéressantes :

  • La primevère du Piémont aux feuilles bordées de glandes rouges, elle n’est plus en fleurs ;
  • La Laîche des bruyères (Carex ericetorum), ressemble beaucoup à la très fréquente Laîche printanière mais s’en distingue par l’écaille sous l’utricule obtuse et entièrement brune ;
L’Euphraise alpine
L’Euphraise alpine, voyez la taille de ses fleurs.
Photo Ph. Pellicier
L’Euphraise hérissée
L’Euphraise hérissée. La plante est couverte de longs poils blancs et de glandes.
Photo Ph. Pellicier

Près de la chapelle Saint-Benoît dans la pelouse nous observons deux euphraises :

  • l’Euphraise glanduleuse (Euphrasia hirtella) couverte de longs poils et de glandes, aux fleurs petites, assez commune ;
  • l’Euphraise des Alpes (Euphrasia alpina) aux grandes fleurs très décoratives qui formait un tapis fourni ; cette euphraise est beaucoup moins fréquente que la précédente ;
  • Le Rhinanthe des glaciers (Rhinanthus glacialis) qui se reconnaît grâce à ses bractée dont les grandes dents se terminent en arête.
La Saponaire jaune
La saponaire jaune forme des coussinets sur les rochers.
Photo Ph. Pellicier

Et sur un rocher nous observons la Saponaire jaune (Saponaria lutea). Elle possède une tige ligneuses à la base et forme des coussinets de fleurs jaune pâle. Cette plante ne se rencontre en France qu’au Mont-Cenis. Elle est protégée au niveau national. C’est sur ce rocher que nous avons pu observer le Perce-oreilles à deux points (Anechura bipunctata).

Près de la chapelle nous avons pu aussi observer une colonie de petites pézizes rouges qui a pu être déterminée après coup avec l’aide d’un spécialiste : Scutellinia olivascens. Les scutellinia sont toutes rouges et possèdent des poils à leur bordure. Celle ci se caractérise en particulier par des poils courts.

Scutellinia olivascens
Scutellinia olivascens en colonies sur débris végétaux, dans la pelouse près d’un point d’eau.
Photo Ph. Pellicier

Nous observons aussi à cet endroit et à plusieurs autres un champignon parasite des fleurs de la renouée bistorte, Microbotryum bistortarum qui forme des masses de spores entourées d’une membrane qui éclate à maturité, et libère des spores gris brun qui constituent une forme de résistance. Dans des conditions favorables elles peuvent germer en produisant des basides dont les spores sont capables de réinfecter des plants de renouée.

Le Solitaire
Le Solitaire, ses bandes marginales sont noires et sans "trous"
Photo Ph. Pellicier

Au moment du pique-nique que nous prenons à l’abri du vent contre une barre rocheuse, nous observons le Solitaire (Colias palaeno) du groupe des papillons jaunes proches du soufré qui se ressemblent beaucoup. Il se reconnaît à ses bandes marginales noires ininterrompues. Ce papillon est protégé. Nous avons aussi trouvé à cet endroit un champignon parasite sur la Pusatille soufrée (Pulsatilla alpina subsp. apiifolia) du groupe des ustilaginales (charbons) qui forme des pustules pulvérulentes au dos des feuilles et qui libère en masse des spores noires : Uroscystis pulsatillae.
Après le pique-nique nous herborisons jusqu’au col du petit Mont-Cenis et revenons en empruntant un sentier différent.

Le Buglosse jaunâtre
La Buglosse jaunâtre, boraginacée des steppes venues se perdre en Haute Maurienne.
Photo Ph. Pellicier

Sur le retour nous revoyons des plantes déjà rencontrées et comme le soleil est un peu plus chaud nous profitons de noter quelques papillons parmi lesquels :

  • Le Semi-Apollon (Parnassius mnemosyne), apollon sans taches rouges et qui évoque un peu le gazé. Pour en être sûrs nous avons du l’approcher suffisamment, ce qui n’a pas été sans mal, mais il a fini par venir se poser sur une pochette en plastique. Ses chenilles se nourrissent des corydales ;
  • L’Azuré de la canneberge (Plebejus optilete), que l’on rencontre dans les marais car la chenille se nourrit de l’Airelle des marais, amis aussi comme ici desn les landes subalpine colonisé par la sous-espèce à petites feuilles (Vaccinium uliginosum subsp. microphylla) de cette airelle ;
  • L’Argus de la sanguinaire (Eumedonia eumedon) qui pond ses oeufs dans les fleurs du Géranium des bois.

Au retour sur la route à Bramans, nous nous sommes arrêtés pour une dernière observation : Le Buglosse jaunâtre (Anchusa ochroleuca), plante inféodée aux steppes de l’est de l’Europe. Connue de cet endroit au bord de la nationale depuis très longtemps, elle aurait pu être apporté par des transports routiers venant de l’est. À cet endroit on trouve aussi la Matthhiole du Valais (Matthiola valesiaca), une brassicaceae aux fleurs d’une couleur violacé terne, rare et connue seulement de Bramans et quelques communes voisines sur des rochers, en particulier du gypse.

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