12 juillet 2014 Fort de Variselle
Article mis en ligne le 11 août 2014
dernière modification le 17 août 2014

par Philippe Pellicier

Séjour botanique au Mont-Cenis du 12 au 14 juillet 2014 : premier jour.

Pour ces trois jours en Maurienne, nous sommes partis de Moûtiers, Albertville et certains d’Annecy et avons rendez vous à Termignon. Il pleut tellement qu’il est difficile de se rendre de la voiture au café sans se faire presque complètement tremper ! Le week-end s’annonce mal... Les prévisions météo ne sont pas terribles ! Que faire ?

La Sabline à grandes fleurs
Un des nombreux joyaux du Mont-Cenis.
Photo Ph. Pellicier

Finalement nous pouvons prendre notre pique-nique dans le gîte des Toët où nous sommes hébergés et après le repas, la pluie nous a épargné, nous permettant d’herboriser depuis le barrage du Mont-Cenis jusqu’au fort de Variselle.
Nous suivons tout d’abord la piste qui s’élève au dessus du barrage et traversons ensuite une pelouse. Là nous observons parmi les plantes les plus remarquables :

  • l’Oeillet œil de paon (Dianthus pavonius) un oeillet qui fait souvent de petits tapis avec des fleurs rose vif grandes dont les pétales sont blanc verdâtre au dos ;
  • l’Alysson des montagnes (Alyssum montanum), aux pétales jaune d’or échancrés, on l’appelle aussi corbeille d’or ;
  • l’Astragale du Danemark (Astragalus danicus) au fleurs bleu violacé, très abondant partout dans le secteur du Mont-Cenis et en haute Maurienne, mais absent ailleurs en Savoie et Haute-Savoie ;
  • la Fétuque jaunâtre (Festuca flacescens) qui forme de grosses touffes et se reconnaît à ses épillets aux glumes largement scarieuses au bord et uniformément coloré de vert jaunâtre ; on la rencontre en général dans les forêts de mélèze mais ici au mont Cenis elle fréquente largement la pelouse ;
  • le Séneçon doronic (Senecio doronicum) aux gros capitules que l’on peut confondre avec ceux de l’Arnica ; ici cependant les feuilles sont allongées, dentées et cotoneuses sur la face inférieure, tandis que l’Arnica a ces feuilles ovales, non dentées et vertes sur les deux faces, de plus elle montre feuilles opposées sur la tige ;
  • le Trolle d’Europe (Triolius europaeus) qui nous attire car Monique nous fait remarquer la petite mouche posée sur ses pétales : elle va polliniser la fleur en y pondant ses oeufs et se larve va ensuite se nourrir d’une partie de ses graines... C’est une sorte d’interaction mutualiste. La mouche appartient à l’une des six espèces du genre Chiastocheta ;
  • le Sorbier petit-néflier (Sorbus chamaemespilus), arbuste aux feuilles ovales et dentées, aux fleurs et fruis en corymbe, que l’on rencontre parfois en zone subalpine ;
  • l’Ancolie des Alpes (Aquilegia alpina).
    Nous faisons une longue liste de plantes dans cette pelouse jusqu’à atteindre de nouveau la piste où nous entrons dans une mégaphorbiaie.
    Au bord du chemin nous notons le Sisymbre d’Autriche (Sisymbrium austriacum) et le Scrophulaire du Jura (Scrophularia canina subsp. juratensis), sous espèce du Scrophulaire des chiens qui est couverte de glande longuement stipitées, caractère bien visible à la loupe.

Nous notons ensuite les plantes de la mégaphorbiaie parmi lesquelles on peut relever :

  • le Saule de Lagger (Salix laggeri), du groupe du Saule marsault, découvert assez récemment dans les Alpes, il présente des feuilles un peu plus allongées n’ayant la pointe déjetée et des rameaux d’un an au bois pubescent ;
  • D’autres saules : le Saule noircissant (S. myrsinifolia), le Saule fétide (S. foetida), le Saule appendiculé (S. appendiculata) ;
    Vélar à feuille de tanaisie
    Photo Ph. Pellicier

    -* le Vélar à feuille de tanaisie (Descurainia tanacetifolia) qu’on connaît davantage sous le nom - ah les joies de la nomenclature ! - Hugueninia tanacetifolia, dédiée en son temps au Dr Huguenin de Chambéry, grande crucifère jaune très caractéristique de mégaphorbiaies ;

  • le Pâturin hybride (Poa hybrida), rare graminée, connue seulement de quelques stations en Savoie, déjà signalé au Mont-Cenis ; tige haute, comprimée à la base, à feuille caulinaire à longe pointe en forme de capuchon.

Plus loin nous visitons une falaise végétalisée où nous trouvons d’autres plantes, parmi lesquelles :

  • l’Avoine de Parlatore (Helictotrichon parlatorei) qui forme des touffes encore plus grosses et sont les tiges élevées portent de gros épillets longuement aristés, la ligule des feuilles caulinaires est longue ;
  • l’Anthyllis des montagnes (Anthyllis montana) aux fleurs rouge violacé ;
  • la Sabline à grandes fleurs (Arenaria grandiflora), seule sabline aux feuilles aigües, donnée comme très rare en Savoie, connue seulement de ce secteur ;
  • l’Aspérule aristée (Asperula aristata subsp. scabra) aux corolles roses munies d’un long tube, voisine de la plus commune Aspérule herbe-à-l’esquinancie ;
  • la Minuartie à rostre (Minuartia rostrata), très fine caryophyllacée au pétales blancs plus courts que les sépales qui présentent une nervure blanche ;
  • la Koelerie du Mont-Cenis (Koeleria cenisia), graminée à panicule assez contractée et -cas unique chez les koeléries- à épillets aristés ; la plante nest rare, connu du Mont-Cenis et de quelques points en Vanoise ;
  • le Nerprun nain (Rhamnus pumila), arbuste épousant le rocher ;
  • l’Athamante de Crête (Athamanta cretensis), ombellifère aux feuilles fines, caractéristiques des rochers calcaires.
    Œillet œil de paon
    Ses pétales sont éclatant de dessus et bien ternes au dessous ! C’est toujours un enchantement de le découvrir !
    Photo Ph. Pellicier

    Au fort nous assistons au ballet des quelques Niverolles, appellées aussi le Pinson des neiges, qui nichent dans le creux du mur. Elles semblent un peu affolées par tant de visiteurs, mais nous ne les observons pas longtemps, chassés par la pluie...
    Au Toët c’est un poêle bien chaud qui nous accueille et qui nous permet de nous sécher, et le soir le repas connu de ce lieu -diots et polente- que nous ne fréquentons pas pour la première fois, nous revigorera pour affronter les aventures du lendemain...

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